Former à l’ère du numérique : l’urgence d’une inclusion pour tous

Former à l’ère du numérique : l’urgence d’une inclusion pour tous

Avec l’avancée fulgurante de l’intelligence artificielle, la transformation numérique nous promet de profondes mutations dans le monde de l’enseignement et de la formation professionnelle : accès immédiat au savoir, apprentissages personnalisés en temps réel, pédagogies interactives, vivantes et adaptées. Et pourtant, derrière cette dynamique séduisante, une réalité persiste : les inégalités d’accès à la formation qui deviennent l’un des angles morts de cette révolution technologique.

Car si la numérisation des parcours de formation multiplie aujourd’hui l’offre accessible en ligne, elle creuse aussi les écarts. Les publics déjà familiers des outils numériques, disposant d’une bonne connexion, de matériel adéquat et de compétences de base, bénéficient pleinement de ces innovations. En revanche, les populations les plus fragiles – personnes peu diplômées, travailleurs des secteurs peu numérisés, habitants de zones rurales ou encore seniors – peinent à franchir ce nouveau seuil d’accès à la formation.

Le véritable enjeu n’est donc pas seulement technologique, mais résolument pédagogique et social : qui peut encore se former à l’ère numérique ?

L’appropriation des outils, qui conditionne aujourd’hui l’accès à tout apprentissage, reste largement inégale. Les données 2023 du LISER et du Ministère de la Digitalisation sont claires : 10 % de la population luxembourgeoise ne maitrisent pas les outils numériques de base et cette proportion atteint 25 % chez les publics les moins qualifiés.

La formation est ainsi confrontée à un paradoxe : jamais les ressources n’ont été aussi abondantes et variées, mais jamais l’accès à ces ressources n’a été aussi conditionné par des compétences préalables.

Pour lever ces freins, plusieurs leviers doivent être activés, directement liés au champ de la formation :

  • proposer des formations de base aux compétences numériques, gratuites ou subventionnées, pour les publics éloignés ;
  • renforcer les projets déjà en place, pour les inscrire dans une dynamique de formation continue et évolutive ;
  • développer des lieux tiers d’apprentissage et d’accompagnement, conçus comme des passerelles entre exclusion numérique et formation active ;
  • encourager les entreprises à intégrer la formation numérique dans les parcours professionnels, quel que soit le niveau de qualification des salariés.

Ainsi, la transformation numérique ne doit pas être pensée uniquement comme une modernisation technologique de la formation, mais comme un projet collectif d’accessibilité à l’apprentissage. C’est à cette condition qu’elle deviendra véritablement inclusive.

Karine MAURER